En mai 2010, soit une centaine de jours avant la révolution, je réalise des photographies dans les rues du Caire. Je choisis un nœud autoroutier en dessous du pont du 6 octobre qui mène à la place Tahrir. C'est ici que les mini-bus amènent les cairotes de la banlieue vers le centre-ville. On peut aussi y prendre le bateau pour se balader sur le Nil.

Les égyptiens avec qui je travaille refuse de réaliser les prises de vues avec moi. Prendre des photos dans l'espace public est dangereux pour eux, par exemple des amis en école d'architecture ont été arrêtés par la police alors qu'ils photographiaient des bâtiments pour illustrer un exposé. Quelques manifestations d'étudiants et de travailleurs mécontents sont alors relayés dans la presse, la colère gronde.

Je profite donc de mon statut de touriste apparent pour photographier cet espace composé de nœuds autoroutiers, de panneau publicitaire, d'une rivière et des flux d'habitants et de voitures. Cette accumulation de trajectoires m'amène à photographier de manière compulsive en utilisant le mode rafale de mon appareil numérique ainsi que le mode panoramique. Restituer ce parcours chaotique est évidemment impossible, c'est pourquoi il m'a semblé intéressant de vous le montrer.